#7 Les secrets de Gabriel Attal pour l'éducation
Ou ce qui se dit dans le bureau du Ministre, sa vision de l'éducation
Bonjour à toutes et à tous.
Vendredi 3 novembre 2023 et voici ma septième Réplique.
Nous sommes déjà plus de 520 Répliqueurs, soit 40 de plus qu’il y a un mois et je vous en remercie. Aidez-moi à passer le cap des 1000 et partagez la Réplique !
Cette semaine, on s’infiltre dans le bureau de Gabriel Attal pour tout savoir de sa vision de l’éducation.
Exceptionnellement, cette Réplique est écrite à quatre mains car j’y reprends une partie du travail de la note que j’ai co-écrite avec Orianne Ledroit, brillante Directrice Générale de Edtech France, association dont je suis la vice-présidente.
Le sentiment de nombreux acteurs du terrain est que le ministère a du mal à généraliser le numérique éducatif. Les enseignants seraient de ce fait peu enclins à l’utiliser, une des cause du retard de la France dans l’éducation. Démêlons le vrai du faux.
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Au programme de la septième Réplique :
La filière Edtech en France
Lever les freins pour accélérer
“Le numérique n’est pas un élément en plus de l’éducation, c’est un levier pour l’éducation”
Le mot de la fin
1. L’importance de la filière Edtech en France
Le numérique est un levier confirmé pour l'efficacité éducative. C’est :
un gain de temps pour des tâches opérationnelles récurrentes et répétitives sans valeur ajoutée (pour les enseignants notamment),
un canal privilégié et fluide de communication en temps réel,
le traitement massif de données pour personnaliser et différencier l’apprentissage et ainsi favoriser l’inclusion,
la mise en œuvre de contextes cognitifs stimulants, la mesure de l’efficience des pratiques éducatives.
Or, la vitalité entrepreneuriale française est exemplaire et reconnue. L’Éducation nationale peut donc mettre à disposition de ses enseignants et de ses apprenants le meilleur de la technologie souveraine française, en confiance. C’est la bonne nouvelle.
Le poids de la filière est estimé à 1,3 milliard d’euros de chiffre d’affaires*.
La filière compte environ 500 entreprises et 10 000 employés, chiffres en forte croissance par rapport à 2019 (à l’époque : 430 entreprises et 7 800 employés).
Le marché européen a attiré 3 Mds de dollars d’investissements en 2021, en ligne avec la tendance observée aux États-Unis, en Inde et dans le reste du monde.
*Une mise à jour de cette étude est en cours pour publication au printemps 2024.
Pour autant, de nombreuses difficultés persistent :
la difficulté d’identifier un payeur, la multiplicité des interlocuteurs.
les dispositifs techniques difficiles à comprendre et à intégrer tels le GAR (si vous ne connaissez pas, c’est normal : un gestionnaire d’accès aux ressources numériques du ministère)…
le budget EdTech n’existe pas. On achète encore de la EdTech « à la place de » (une série de livres par exemple), mais la plupart des achats « traditionnels » d’une école sont indispensables, donc non substituables. Les outils numériques ne sont ni du matériel informatique, ni des ressources pédagogiques en tant que telles. Enfin, la plupart des enseignants ont recours à leurs deniers personnels, utilisent la COP ou ... renoncent.
À la suite d’expérimentations, pourtant souvent positives, les entreprises se retrouvent dans une impasse, sans financements projetés. Les enseignants sont - légitimement- critiques sur ce qu’ils considèrent être de la complexité administrative.
C'est pourquoi, il est urgent de rendre opérationnels ces dispositifs et de leur permettre de passer à l’échelle pour structurer ainsi un réel marché.
2. Lever les freins pour accélérer
Gabriel Attal partage les constats et réaffirme sa volonté de lever les freins pour accélérer le déploiement du numérique parce que c’est nécessaire au choc des savoirs.
Dans ce cadre, il s’agira :
de soutenir l’émergence de Champions Edtech qui se déploient massivement en France ;
d’intégrer les Edtech dans les initiatives et les budgets de la formation des enseignants.
d’opérationnaliser un compte Edtech en s’appuyant sur ce qui a été réalisé pour le CPF ; et de permettre ainsi la libération de l’innovation aux niveaux des enseignants.
3. « Le numérique n’est pas un élément en plus de l’éducation, c’est un levier pour l’éducation »
Gabriel Attal évoque sa priorité : un « choc des savoirs » fondamentaux pour les élèves, centré sur l’enseignement du français et des mathématiques.
« C’est la condition absolue de la réussite et de l’épanouissement de nos enfants », mais « le numérique n’est pas un élément en plus de l’éducation; c’est un levier pour l’éducation. »
Il en ressort 3 priorités :
la valorisation du métier d’enseignant,
les savoirs fondamentaux,
la lutte contre le harcèlement et le développement des compétences psychosociales.
Gabriel Attal juge qu’il y a « une obligation absolue pour mieux piloter et mieux décliner l’apprentissage de ces savoirs ». Il faut donner les clés opérationnelles pour que cela puisse être mis en place dans les équipes. Cela peut se déployer rapidement.
En particulier sur l’orientation puisque de nombreuses start-ups sont engagées dans ce travail (coucou Hello Charly) ;
Passer à l’échelle des usages qui portent l’efficacité éducative (je me sens obligée de citer Plume et Lalilo, pardon de manquer d’objectivité).
« On rate quelque chose si le numérique n’est pas inclus dans chacune de nos actions. »
Le mot de la fin
Nous repartons confiants de cette entrevue et soucieux d’engager des actions très concrètes. J’espère que cette politique volontariste engage une réelle rénovation, et sans doute une remontée dans le classement PISA qui arrive mi-décembre.
C’est le sujet d’une autre Réplique !
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Tout est fort bien dit ! Pourvu que ces idées volontaristes échangées soient suivies de mesures efficaces et rapides pour l'ensemble du milieu éducatif.
Très belle réplique :)