#11 Les annonces de Macron pour l'éducation
Tenue unique, instruction civique, écrans... Quelle vision pour l'éducation ?
Bonjour à toutes et à tous.
Lundi 22 janvier 2024 et voici ma onzième Réplique. Ne vous habituez pas, elle se sera pas aussi fréquente en février (tout du moins, je l’espère !).
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Cette semaine, nous revenons sur les annonces présidentielles autour de l’éducation. Uniforme, instruction civique, cours de théâtre, Marseillaise... : Qu’engagent ces mesures et quelle vision pour l’éducation ? Nous reviendrons en particulier sur le sujet des écrans “libérateurs” qui, comme vous le savez, est un sujet qui me tient à coeur.
Cette Réplique est écrite à quatre mains avec Orianne Ledroit, Directrice Générale de Edtech France, association dont je suis la vice-présidente.
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Au programme de la onzième Réplique :
Quelle vision pour l’éducation ?
Des écrans “libérateurs” ou des écrans “qui enferment” ?
Le mot de la (presque) fin
À propos du numérique éducatif, les propositions de Edtech France
1. Quelle vision pour l’éducation ?
Les mesures…
L'école a été au cœur de la conférence de presse du Président de la République mardi dernier. Uniforme, instruction civique, cours de théâtre, Marseillaise... Les annonces ont beaucoup tourné autour de l'autorité. Ces mesures ne sont, en outre, pas vraiment nouvelles.
La tenue unique (autrement dit l’uniforme). L’expérimentation se tiendra dans "une centaine d'établissements, tous volontaires" et donnera possiblement lieu à une généralisation en 2026.
Le changement de nom de l'EMC (Enseignement Moral et Civique) en instruction civique. Emmanuel Macron a promis "une instruction civique refondée" avec "un volume horaire doublé, une heure par semaine dès la cinquième, avec en appui les textes fondateurs de la Nation". Il s'est dit "totalement favorable à ce qu'on apprenne la Marseillaise au primaire". Les programmes actuels prévoient déjà la possibilité pour les enseignants de "commencer à chanter quelques couplets" de l'hymne national à partir du CE2.
L'enseignement obligatoire du théâtre : Le théâtre deviendra "un passage obligatoire au collège l'année prochaine", et l'histoire de l'art fera son retour dans les collèges et lycées.
Une cérémonie de remise de diplôme au collège et au lycée,"un rite républicain d'unité, de fierté et de reconnaissance". Cérémonie de remise de diplôme qui existe déjà.
… Mais quelle vision pour l’école ?
Les évaluations internationales constatent que l’école française se situe dans la moyenne des résultats des pays de l’OCDE. Son défaut majeur n’est pas d’avoir renoncé à transmettre les savoirs (même si les résultats doivent être améliorés), mais plutôt de ne pas être capable de lutter contre les inégalités.
Tenir un discours d’ordre face à une école qui aurait renoncé à l’autorité des maîtres et des savoirs est un parti pris politique.
Il est sans doute important de porter ce discours d’autorité et de respect de l’institution. Savoir ce qui nous rassemble et se mettre d’accord sur des valeurs constituent le socle minimum du vivre ensemble républicain.
Mais ce creuset doit s’accompagner d’une certaine pédagogie et d’une vision plus large et renouvelée qu’il reste à définir. Que voulons-nous comme école pour nos enfants ? Qu’adviendra-t-il du collège unique ? Comment allons-nous former les enseignants pour mener à bien leur mission ?
Cette pédagogie, qui ne sera pas portée par les écrans, loin s’en faut, mais par ceux qui font l’éducation.
2. Des écrans “libérateurs” ou des écrans “qui enferment” ?
Le chef de l'État a annoncé vouloir "déterminer le bon usage des écrans pour nos enfants, dans nos familles comme en classe". Emmanuel Macron a réuni la semaine dernière des experts sur ce sujet, dont les travaux doivent être rendus "fin mars".
Il s’agit de reprendre «le contrôle de nos écrans». «On a laissé beaucoup de familles sans mode d'emploi. (...) Il faut qu'on ait un consensus scientifique, que les scientifiques commencent à nous donner un plan et qu'on éclaire un débat public, qui viendra ensuite».
Sur la base de leurs recommandations, "il y aura peut-être des interdictions, il y aura peut-être des restrictions". On ne saurait que trop conseiller la lecture de la sixième Réplique : Les écrans, c’est le mal.
L’usage des écrans à la maison est sans nul doute un enjeu pour l’école, car cela peut constituer un frein ou au contraire un levier d’apprentissage.
En France, l’Éducation nationale fait une place à l’éducation au numérique. Mais la pratique est toute autre. Les enseignants sont réputés ne pas aimer le numérique et dans les faits, le numérique est souvent traité via la question de l'outillage ou la question du temps d’écran.
La question des usages et surtout du contexte doit devenir centrale pour faire grandir nos jeunes concitoyens et leur donner les moyens de s’engager dans des pratiques constructives. Je vous renvoie à ce propos à une méta-analyse portée par le Monde qui détaille très précisément ce point.
Que nous soyons élèves, enseignants ou parents, ne pas maitriser le numérique n’est ni grave ni définitif. Gageons que ce comité soutienne une mobilisation plus ambitieuse en faveur de l’éducation et l’accompagnement au numérique de tous. Parce qu’une démocratie n’a de sens que si elle fait le pari de la capacité de ces citoyens à être “au pouvoir” de leur vie (numérique).
3. Le mot de la fin
L'école constitue le socle de notre République et une pierre essentielle de notre contrat social. C’est pour cela que ces réformes s’échaffaudent avec le concours de la Nation, dans le creuset de notre devise républicaine : liberté, égalité, fraternité.
La réalité est que nous avons besoin d’une vision, d’un projet neuf pour notre école qui va devoir former une génération pour laquelle les défis seront nombreux.
Pour cela, et je le crois fermement, la rénovation de l’éducation passera (aussi mais pas que) par les nouvelles technologies.
4. À propos du numérique éducatif, les propositions de Edtech France
EdTech France est l’initiative des entrepreneurs français qui ont décidé de rendre la technologie utile à l’éducation et la formation.
À l’heure où l’écosystème de la Edtech se retrouvera à Londres pour le BETT Show, nos priorités :
La mise en place pour - tous les enseignants - d’un compte ressources permettant d’acheter les solutions Edtech dont ils ont besoin pour leur classe. Ce compte doit être doté de 400€ par enseignant chaque année (à terme) et engager l’Etat (et les collectivités, territoires) sur plusieurs années. Il doit être notre perspective, pour structurer (enfin) un vrai marché.
L’accélération des Territoires Numériques Éducatifs (TNE - 12 départements équipés en matériel et qui bénéficient de formations et de ressources sélectionnées dans le cadre d’un marché) tant que le compte ressources n’existe pas. Les TNE sont des démonstrateurs avancés et matures de ce compte ressources. Ils nous permettent de le préfigurer. D’ailleurs, les seuils d’usages constatés confirment l’intérêt des enseignants : Plume et Lalilo atteignent des taux de 96% de réactivation. Nous devons continuer à faire sauter tous les verrous opérationnels.
Un protocole d’achat edtech simplifié et lisible : nos entreprises apportent des solutions concrètes et robustes aux principales initiatives du Ministère. Choc des savoirs, apprentissage des compétences psycho-sociales, accompagnement à l’orientation, soutien et révision scolaire : sur ces dossiers prioritaires, nos Edtech pourraient être plus largement mobilisées par le Ministère. Nous faisons nos preuves au quotidien.
C’est le sujet d’une autre Réplique !
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